Avec la régularité d’un métronome, les norvégiens de Röyksopp pondent un album tous les quatre ans depuis presque dix ans. Le duo formé par Svein Berge et Torbjorn Brundtland cherche toujours à donner le meilleur de lui-même et il le prouve une nouvelle fois avec un troisième album, « Junior », haut en couleurs electro-pop. Explications.
Vous avez récemment proposé en téléchargement gratuit un morceau inédit, « Happy Birthday », pour fêter vos dix années d’existence. Comment avez-vous traversé cette décennie ?
Svein Berge : Au cours de ces dernières années, l’industrie du disque a considérablement changé avec le format digital qui s’est répandu à travers le partage de fichiers mp3. Beaucoup de maisons de disques et de magasins de disques ont fermé leurs portes. Cela a profondément changé la façon dont les gens écoutent la musique aujourd’hui. Le format album n’est plus aussi important qu’auparavant, on est désormais dans une culture du single, du format court. En fait, je crois que nous sommes dans une période de transition et que l’on va voir émerger de nouveaux modes de consommation de la musique. Il y aura toujours des besoins pour de la bonne musique.
Est-ce plus difficile de faire de la musique aujourd’hui, d’être vraiment créatif ?
En ce qui nous concerne, nous sommes toujours aussi créatifs et aussi curieux de découvrir des nouveautés. La seule chose qui a changé pour nous est la façon dont on élabore notre musique aujourd’hui. Nous essayons de produire la musique en laquelle on croit profondément.
En 2001, est-ce que vous étiez, en quelque sorte, préparé au succès massif que votre premier album a rencontré dans les mois qui ont suivi sa sortie ?
A cette époque, nous arrivions de nulle part avec une formule peu répandue : deux types de Norvège qui font de la musique électronique. Puis, à force de donner des concerts, beaucoup de choses se sont débloquées. Bien entendu, nous ne nous attendions pas à un tel engouement pour notre musique. Avant de former Röyksopp, nous avions fait partie de groupes qui étaient signés sur des labels, donc nous avions une certaine expérience à ce niveau-là. Mais, cela ne nous a pas permis de prédire le succès de « Melody A.M. ». Tout s’est déroulé progressivement et nous nous sommes petit à petit adaptés à cette situation nouvelle engendrée par le succès.
En 2005, comment a été reçu votre second album, « The Understanding » ?
Il a été reçu de différentes manières. Ceux qui attendaient un autre « Melody A.M. » ont été quelque peu déçus alors que ceux qui ont compris que nous avions besoin de faire quelque chose d’autre, la volonté de ne pas nous répéter, ont apprécié cette démarche. D’autres, ont trouvé qu’il y avait trop de parties vocales, de chansons et que le disque était trop aérien. Mais sans « The Understanding », nous n’aurions pas pu produire notre nouvel album « Junior » car il y avait déjà un gros travail sur l’écriture des morceaux et des paroles.
Quelles comparaisons ferais-tu entre vos deux derniers albums ?
Sur le précédent, il y avait un sentiment puissant de mélancolie et de désir vis-à-vis des choses. Sur « Junior », nous voulions proposer un album très diversifié avec des sentiments différents qui s’expriment à travers chaque chanson. Nous voulions également que celui-ci soit plus optimiste et bourré d’énergie. Nos albums sont toujours le reflet de notre état d’esprit au moment de leur enregistrement. Cette fois-ci, nous étions plus confiants, plus détendus.
Sur quel mode fonctionnez-vous avec Torbjorn ?
Nous voulons toujours surprendre l’autre lorsque nous rentrons dans un processus de création. C’est notre façon de fonctionner. Sur « junior », nous voulions qu’il y ait un fil conducteur et, en même temps, nous voulions que l’ensemble s’apparente à un voyage à travers différentes émotions et sentiments. Certains titres parlent d’anxiété et de tension, de relations amoureuses, d’autres sont plus axés sur le fun et les plaisirs immédiats, sur la beauté des choses. Nous avons le sentiment d’avoir couvert un large spectre des émotions humaines avec toutes les chanteuses qui ont collaborées à ce disque, que ce soit Karin de The Knife, Lykke Li ou Robyn. Avec « Junior », nous avons vraiment le sentiment d’être arrivés à nos fins de ce point de vue-là.
Quelle va être la prochaine étape pour Röyksopp ?
Nous sommes, en ce moment, dans une période très créative à un tel point que nous voulons sortir très rapidement une suite à « Junior » qui va s’appeler « Senior ». « Junior » parle d’énergie directe, de quelque chose d’immédiat alors que « Senior » sera plus introspectif, principalement instrumental, en jouant sur les contrastes entre les différentes atmosphères. On pourra presque dire que c’est notre album de la maturité (rires).
Propos recueillis par Laurent Gilot
Photo : DR
Röyksopp, « Junior » (Virgin)
Sortie le 23 mars 2009
www.myspace.com/royksopp
www.royksopp.com
Röyksopp, “Happy Up Here”, video