Comme promis dans mon billet précédent et pour continuer le débat Blogueur ou journaliste : qui croire ? qui vous influence ? voici les réponses de Hakim Bendaoud, journaliste free-lance, enseignant en techniques d’écriture et en journalisme multimédia.
Com’on : Comme définiriez-vous le rôle du journaliste ?
Hakim Bendaoud : Je dirais qu’il a un rôle social. Il participe à la vie démocratique. Pour s’en convaincre, il suffit de voir l’état de la presse dans les dictatures … Sans information indépendante, libre et plurielle, la démocratie fonctionne plus difficilement. Le journaliste est là pour transmettre des informations, aider à décrypter les enjeux d’une actualité où d’une décision prise par les politiques, les financiers où autres, susciter des débats. Tout cela peut évidemment sembler un peu éloquent mais c’est pourtant son rôle. Rôle qu’il ne réussit pas toujours à tenir à en croire la défiance d’une partie des français vis-à-vis des médias…
Com’on : Le métier de journaliste a-t-il évolué avec Internet ? Face à ce nouveau moyen de communication, le métier de journaliste est-il en danger ?
Hakim Bendaoud : Incontestablement. Et pas seulement avec l’émergence des « journalistes citoyens ». Internet a remis en cause le fameux 4ème pouvoir. Les journalistes n’ont plus le monopole de la parole. La vitesse à laquelle se propage « l’information » joue également un rôle non négligeable dans la manière d’aborder ce métier. Quelle valeur à un scoop aujourd’hui lorsque l’on travaille dans un journal papier ? Évidemment, il y’a des bémols, à commencer par la vérification de l’information, les risques de transmettre des rumeurs et j’en passe.
Com’on : Qui sera le journaliste de demain ? Aura-t-il le même rôle ?
Hakim Bendaoud : Le rôle du journaliste n’a pas fini d’évoluer. Pour de nombreux professionnels du secteur, un nouveau profil se dessine déjà : celui d’organisateur de contenus. En 2008, 1 000 milliards de pages web ont été recensées sur la Toile ! Comment mettre de l’ordre dans cette vaste nébuleuse ? Comment s’y retrouver ? Les internautes croulent sous les informations les plus diverses et variées : blog, sites institutionnels, réseaux sociaux, canulars… Ce n’est plus tant le contenu que l’organisation de cette masse d’informations qui prime. Les journalistes de demain auront sans doute ce rôle. Mais pas seulement. A charge aussi pour eux de vérifier et de recouper cette information, de la hiérarchiser, de la « mettre en scène » afin de la rendre attractive… Enfin du côté des articles, ce que les lecteurs attendent ce n’est plus seulement des faits mais de l’analyse, une aide à la compréhension… Il suffit de se rendre sur un site comme slate ou de voir l’évolution de la ligne éditoriale d’un quotidien comme Le Monde qui ressemble davantage aujourd’hui à celle… d’un hebdo (avec de nombreux papiers de fond et d’analyse donc). Qu’on le veuille ou non, le métier de journaliste ne sera plus jamais comme avant. Et il y’aura encore beaucoup de « casse », c’est un fait. On peut le regretter où considérer cette remise en cause salutaire. Car finalement, je ne suis pas sûr que les français étaient mieux informés dans les années 50… Je suis même sûr du contraire !
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